Propriétés privées

Comment le sentiment de possession peut-il déformer notre rapport aux choses et aux êtres ? Tel est le thème de ce recueil d’une douzaine de nouvelles – dont deux assez longues et spécialement réussies – dans lequel Lionel Shriver (Les Mandible, Les Notes mai 2017) explore, avec beaucoup de causticité, les dégâts provoqués par le besoin de préserver et affirmer sa propriété, qu’elle soit d’ordre matériel ou affectif : le cadeau de mariage d’une amie et ex du marié se transforme en pomme de discorde dans un couple ; la cohabitation d’une locataire avec la propriétaire « tourne au vinaigre » à cause du désordre et du sans-gêne de cette dernière… Dans un kaléidoscope de vies mesquines, criantes de vérité, miroirs de la comédie humaine, la romancière analyse finement la psychologie de personnages égocentriques, avares ou jaloux, esclaves de leurs biens : lieux de vie, objets, amitiés, amants, influences. Sous couvert d’un humour réjouissant, ces histoires bien construites, dans un style peut-être un peu trop travaillé, prêtent à réflexion. (S.D. et M.-N.P.)