La première page est drôle et mordante, Éric Chevillard ne change pas. Il lance en ouverture certains passages particulièrement ridicules qu’il prétend avoir repérés chez quelques romanciers à succès. Ah, le succès ! Il se console avec Prosper Brouillon, son auteur préféré déjà présenté dans Défense de Prosper Brouillon. Voilà un homme généreux qui n’écrit pas pour lui mais pour son lecteur, « ce rat stupide qui crachera ses vingt euros » et pour son éditeur qui pourra ainsi publier de malheureux poètes bègues ou dyslexiques. On assiste à la rédaction jubilatoire de son chef-d’oeuvre, dont chaque mot va troubler le sommeil de l’auteur au grand coeur. Il se risque à écrire un roman policier, mais gare, si l’enquête piétine, l’histoire aussi. On rit souvent, c’est à la fois désopilant, fourmillant d’idées et d’une originalité rappelant L’explosion de la tortue (NB avril 2019). L’illustration pleine d’esprit de Jean-François Martin et une jolie édition contribuent à l’attrait de ce petit livre fantaisiste. (V.M. et M.S.-A.)
Prosper à l’oeuvre
CHEVILLARD Éric