Province

Qui est ce Saint-Roch qui arrive à Uxeilles, un soir d’hiver, chez Mathilde Longuevialle ? Ce non-évènement va agiter le microcosme de cette petite bourgade proche d’Ussel. On chuchote que le voyageur aurait dit : « Je reviens à Uxeilles pour baiser le plus de femmes possibles ». Puis on le reconnaît : c’est le fils Mambre, brouillé avec son père depuis longtemps. Tout le monde s’y intéresse, y compris la jeunesse désoeuvrée qui se donne des airs anticonformistes. Il a quelques aventures que l’on épie et puis la vie reprend son cours.  Dans ce quatorzième roman, Richard Millet (Une artiste du sexe, NB décembre 2013), directeur de La Revue Littéraire, se livre pleinement à son plaisir : l’écriture. En de très longues phrases, coupées de nombreuses virgules, il décrit dans le moindre détail la province endormie, secrète, repliée sur elle-même et ses histoires locales, où le moindre évènement suscite la curiosité et alimente les cancans. Il s’attache aux pas d’un homme vieillissant bien décidé à profiter encore pleinement des plaisirs du sexe. Bel exercice de style d’un écrivain original amoureux de la langue classique. Cependant il est parfois lassant de suivre les méandres du récit. (C.-M.M. et B.T.)