Après des années passées comme ouvrier en RDA, C. est devenu un écrivain reconnu, réclamé à l’Ouest, Eldorado de toute personne vivant à l’Est. Muni d’un visa de douze mois, il entame une série de lectures publiques, véritable calvaire où il découvre le caractère factice et consumériste d’un public qu’il abuse. Car, depuis son arrivée, se sont écoulés des mois de dérive et d’alcool à n’être qu’un saltimbanque creux, que l’écriture fuit, ne sachant si sa vie est ici avec Hedda ou à l’Est, auprès de Mona. Son visa expiré, sans possibilité de retour, la réalité lui échappe dans ce lieu transitoire où il a perdu ses repères. Emporté par la spirale de ses atermoiements, il dérive vers le chaos, avec pour seule possibilité celle de se dérober aux autres. C’est la plongée désespérée d’un homme lâche, égaré dans sa vie dont le naufrage renvoie à La Lettre (N.B. oct. 1988) ; un récit monochrome où la pluie, omniprésente, donne le ton. Les phrases longues et stylées impriment le désarroi tandis que l’emploi de la troisième personne distancie un héros dont Hilbig a déjà gommé le nom, comme une solution provisoire.
Provisoire.
HILBIG Wolfgang