Quelques mots tracés d’une main malhabile décident Vincent à prendre la route pour rejoindre sa femme, Geneviève, qu’il n’a pas revue depuis quinze ans. Mourante, elle voudrait rompre le silence qui les a séparés et lui parler une dernière fois. Pendant le trajet, émotions et souvenirs refoulés se fraient un passage en force et le submergent douloureusement. Il repense à leur petite fille de huit ans dont la disparition a détruit leur amour. Captif d’une atroce souffrance, chacun assistait au naufrage de l’autre sans pouvoir lui apporter le moindre secours. Lui a tenté d’oublier son passé, elle s’est réfugiée dans l’écriture et la solitude. Tous deux connaissent enfin l’apaisement pendant cette ultime rencontre où l’approche de la mort libère gestes et paroles, larmes et non-dits.
Par le biais de monologues intérieurs alternés, Laurence Tardieu sonde avec une poignante subtilité le malheur sans nom de ces parents qui ont perdu leur enfant. Finesse et retenue traversent ce récit bouleversant, de la même veine que Le jugement de Léa (NB juin 2004).