Purgatoire

New Jersey, 2006 : Emilia voit soudain réapparaître Simon, son mari, disparu en Argentine trente ans auparavant, et qu’elle a cherché partout sans relâche. Cartographes en mission près de Tucuman, ils avaient été arrêtés brutalement et accusés d’être des gauchistes. Le père d’Emilia, pilier de la dictature, avait fait rapidement libérer sa fille, mais elle ne saura jamais ce qu’est devenu Simon. Exilée, elle le retrouve, toujours âgé de trente ans, quand elle-même en a soixante. Hallucination ou fantasme ? Leur amour est intact.

Cette ultime oeuvre de Eloy Tomás Martínez, mort en 2010 (cf. Le chanteur de Tango, NB janvier 2006), est une dénonciation vigoureuse des horreurs de la dictature qui fit disparaître des milliers d’Argentins. Pour tant d’autres commença alors une attente – « le Purgatoire est une attente dont on ignore la fin » – qui parfois dure encore. Précis quand il démonte le mécanisme implacable du régime, émouvant et troublant, ce roman fait revivre avec beaucoup de force les années d’horreur et de mensonges. La chronologie est souvent bousculée mais on ne lâche pas ce livre exigeant.