Menés en prison par un sociologue enseignant à l’EHESS, musulman chiite d’origine iranienne, ces entretiens cherchent à comprendre les motivations d’islamistes maghrébins et français accusés d’appartenir à Al-Qaïda. Le contenu religieux de ces témoignages est dominant. Ces interlocuteurs déclarent lutter contre l’Occident qu’ils jugent raciste envers les musulmans et à la fois fascinant, dépravé et fragile. Ils dénoncent la démocratie, loi des hommes qui fait opposition à la loi d’Allah. Ils prônent une religiosité absolue : il faut sauver l’islam. Et ils n’ont pas peur de la mort, eux.
Dans une position ambiguë, l’auteur réécrit les entretiens, les commente largement, puis propose une typologie de l’islamisme. Il restitue les thèses d’Al-Qaïda, mais n’étudie pas, dans ce livre, les questions de fond qu’elles posent. Les mots arabes concernant la religion ne sont pas traduits et le lecteur doit se reporter au glossaire. On est frappé par la qualité d’expression, en français, des hommes, une quinzaine, qui ont accepté de répondre aux questions de l’auteur, et par l’homogénéité des arguments déployés pour justifier la lutte contre la France et, plus largement contre l’Occident.