Une ville bavaroise, où s’arrête l’étranger, ne laisse rien paraître des bouleversements qu’impose le régime du IIIe Reich. Tout reste calme en apparence, bien que le quotidien, les projets, les désirs des habitants volent en éclats. Une étudiante se voit interdire l’accès aux cours, un commerçant falsifie ses livres de comptes pour éviter la fermeture de sa boutique, un médecin s’épuise à soigner les malades hospitalisés en respectant les mesures drastiques d’économie… Enfreindre la moindre règle conduit en prison, exprimer son désaccord suscite les dénonciations. Aussi traverse-t-on le plus silencieusement possible les épreuves.
À travers dix récits tirés de faits réels, écrits en 1939, Erika Mann, la fille de Thomas, dénonce l’effroyable machinerie mise en place par le parti national-socialiste. Elle cerne avec une ironie cinglante les avancées insidieuses de la propagande et rend compte de l’aveuglement des citoyens. Tous sont des gens ordinaires pris dans les rets d’un système dont ils n’entrevoient pas les conséquences. Traduits pour la première fois en français, ces textes témoignent du regard aigu, de la justesse de perception de l’auteur, qui restitue avec force la vie quotidienne des Allemands avant que n’éclate la seconde guerre mondiale.