Roman voudrait ĂȘtre heureux. Il aurait aimĂ© faire du thĂ©Ăątre, avoir du succĂšs. Il a une compagne, des voisins, quelques relations et surtout correspond rĂ©guliĂšrement avec sa vieille mĂšre et un ami dĂ©pressif qui attendent de lui quâil les aide Ă mourir ; et avec une tante dâAmĂ©rique⊠Peut-ĂȘtre suffit-il que la vie aille son train.  Lâexistence du personnage est tout entiĂšre dans le glissement dĂ©sabusĂ© de lâespoir, dangereusement illusoire, Ă la rĂ©pĂ©tition rassurante du quotidien. Force de la luciditĂ© ou peur de la vie ? Le romancier-narrateur ne condamne pas son personnage ! Il le sauve de notre agacement par lâhumour, souvent noir, qui mĂ©tamorphose la banalitĂ© et par les fulgurances poĂ©tiques de lâĂ©criture. Pas dâintrigue dans cet Ă©trange roman fait dâĂ©changes Ă©pistolaires et du dĂ©roulĂ© des jours oĂč rien ne se passe de particulier. Mais un dĂ©nouement magnifiquement ironique : Roman, le hĂ©ros, invente sous nos yeux la piĂšce de thĂ©Ăątre quâil nâa jamais crĂ©Ă©e et qui ne verra pas le jour. Sous couvert de fiction impossible, la parole sây libĂšre, sensuelle, baroque, absurde de vie. (C.B. et A.M.R)
Quand les nuages poursuivent les corneilles
ZSCHOKKE Matthias