Étonnant comme ce coin de la côte de Bretagne, au relief propice à l’activité des contrebandiers, semble totalement inactif en matière de fraude ! Ainsi s’étonne Julien Le Denmat, le nouveau lieutenant des douanes de Tréguignec, un unijambiste réchappé de la guerre de Crimée. Elle aurait cessé à l’élection du nouveau maire de Trestel, dont Julien trouve la fille à son goût. La fraude ne se cacherait-elle pas dans les ruines du manoir de l’ile de Tomé qu’un souterrain reliait à Trestel, un couloir que des patriotes firent sauter sous la Terreur, tuant les trente moines réfugiés là et dont les fantômes viennent depuis chanter Miserere nobis la nuit quand la tempête souffle?
Ainsi que l’explique le scénariste, l’histoire – complète – mixe deux nouvelles originales datant de 1901 du conteur de légendes bretonnes Anatole Le Braz. Son travail est habile, le héros unijambiste sort de l’ordinaire, le récit intrigue, même si les bulles sont chargées en texte, livrant des dialogues empruntant le style et le vocabulaire de l’époque, un peu désuets aujourd’hui. Le dessin réaliste, chargé en couleurs, est de qualité et très lisible. Une enquête distrayante au pays des korrigans.