Si elle avait eu une auto, la famille Kahn aurait pu Ă©chapper Ă lâune des derniĂšres rafles de juifs, Ă MontbĂ©liard, en 1944. Les parents ne reviendront pas. SauvĂ© in extremis par une voisine, âtante Louâ, (1), Pierre, 11 ans, sous prĂ©texte de tuberculose, va aller au grĂ© des accueils possibles, dans un prĂ©ventorium, Ă Besançon, puis en Suisse. Lâenfant Ă©crit son journal sous forme de lettres Ă ses parents.
 à travers les lettres mĂȘlĂ©es aux souvenirs actuels de Pierre lui-mĂȘme, lâon dĂ©couvre la vie en zone libre ou occupĂ©e, les restrictions imposĂ©es aux juifs, les actes dâĂ©goĂŻsme ou de rĂ©sistance des uns et des autres (lâenfant JĂ©sus arbore lâĂ©toile jaune dans la crĂšche de NoĂ«l). Les deux formes de rĂ©cit sâarticulent avec cohĂ©rence et souci du concret, et des archives familiales complĂštent la documentation. Pierre se rĂ©vĂšle courageux, capable dâaccepter ses nombreux changements de vie, et appliquant avec dĂ©termination cette forme de rĂ©silience qui lâa tant aidĂ©: « arrĂȘter de penser Ă ce que lâon vient de quitter, est le seul moyen de ne pas en souffrir ». Il aura toujours dit oui Ă la vie. Le moment oĂč il a compris la mort de ses parents reste son secret.
(1) dĂ©corĂ©e en 1966 de lâOrdre des Justes.