À la frontière du XVIe arrondissement et de Boulogne, la famille Arnaud, alliance de fantaisie corse et de tradition française, a tout pour être heureuse : trois garçons, bientôt quatre, beaux, surdoués, assoiffés de lecture. Claude, le troisième, admire éperdument ses aînés. Cependant Mai 68 souffle le vent de la révolte contre l’ordre, le matérialisme et l’ennui. Le narrateur est tenté très jeune par l’engagement politique maoïste, la drogue, la liberté sexuelle, la bohême. Pierre et Philippe, mal dans leur peau, en guerre contre un père bienveillant mais conventionnel, sombrent après la mort de leur mère.
Ce roman résolument autobiographique de Claude Arnaud (Qui dit je en nous, NB décembre 2006) confirme encore le talent littéraire d’un écrivain qui sait restituer les jours heureux et pittoresques des vacances corses, croquer le portrait savoureux de Barthes, se référer brillamment à d’innombrables auteurs et raconter, avec infiniment de sensibilité les élans, les désillusions, le naufrage d’une famille prise au piège d’une période trouble et mouvante . Si le récit de ses expériences sexuelles variées est parfois longuet, on est pris par les tourments de cet homme en quête d’identité, écartelé entre plusieurs possibles, reflet d’une génération charnière et taraudé de façon touchante par un sentiment de culpabilité vis-à-vis de ses proches.