Quatre couleurs

TERRAQUÉ Thomas

Obi est un « bouchon d’énergie Â» livrĂ© Ă  lui-mĂȘme, et au collĂšge, un enfant particulier, au physique ingrat, complexĂ©, un« golmon Â» Ă  l’imagination dĂ©bordante focalisĂ©e sur le « quatre couleurs Â» auquel il tient jalousement. Dans sa vie, il y a Candice qu’il aime en secret, il y a aussi Shaun qui par un jeu cruel  lui dĂ©robe son stylo magique.  Il y a aussi  Monsieur V. son prof.de français, et les autres
  Une obsession : retrouver son « quatre couleurs Â».

Tranche de vie d’un enfant au collĂšge, tous les clichĂ©s semblent rĂ©unis pour un scĂ©nario connu de maltraitance misĂ©rable ? Il n’en est rien ! Thomas TerraquĂ© explore avec minutie le fonctionnement dĂ©sespĂ©rant du microcosme scolaire dont il pointe du doigt les failles irrĂ©versibles : la dĂ©mission contagieuse des maĂźtres dont Monsieur V. est un cas extrĂȘme, l’usure du personnel de service incarnĂ©e par Jocelyne et les enfants
 Les uns et les autres dĂ©molis par la mĂȘme machine, inexorablement.  Il fallait un fil rouge Ă  ce tableau ; le quatre couleurs de l’enfant au « cerveau dĂ©chirĂ© Â» le fournit, associĂ© trĂšs vite Ă  la collection d’allumettes du tiroir du bureau de M. V.  L’un et l’autre mĂšnent l’intrigue Ă  son dĂ©nouement tragique : « on n’aura qu’à dire qu’on a fini l’école Â». La maĂźtrise de la construction sert la  montĂ©e de l’angoisse d’une tragĂ©die annoncĂ©e, et la force de l’écriture tant dans l’analyse de la situation que dans la justesse des portraits. Un court roman d’une exceptionnelle densitĂ©. (C.B et N.B)