Les mêmes personnages peuplent les treize chapitres que Jennifer Egan, toujours nostalgique des années soixante-dix (La Parade des anges, NB janvier 1996), place à New York dans l’univers des publicitaires et de la production de disques. Au gré d’épisodes de leur vie et sans chronologie, elle scénarise les relations entre les individus, les faiblesses et les compromissions, les attentes et les renoncements. Lucide et impitoyable, sa plume balaie le temps, s’autorise quelques traits d’humour et laisse flotter un léger sentiment de vulnérabilité quand elle fait chuter les rêves dans la vie réelle. L’une est kleptomane, l’autre soigne sa libido en berne à coup de paillettes d’or dans son café ; l’esprit est à la dérision pour masquer les fêlures. Malgré ses quadragénaires attachants qui butent toujours sur l’horizon un peu triste de leurs désillusions, cette mosaïque singulière représente un exercice formel à la saveur assez fade et qui engendre ses propres limites.
Qu’avons-nous fait de nos rêves ?
EGAN Jennifer