JE suis un dresseur, un soigneur, un biologiste, un éleveur, un boucher. Je parle de mon métier, de la réintroduction des loups dans les châteaux, des conditions de vie dans les zoo, des expérimentations sur les souris, des élevages, de la mort. VOUS êtes une enfant qui aimerait beaucoup avoir un animal, ce à quoi vos parents s’opposent, vous grandissez, vous aimeriez vous détacher de votre famille, vous émanciper, reprendre possession de vous-même, mais comment faire quand l’imprégnation est aussi profonde ?
Les paragraphes JE/VOUS alternent, s’enchaînant tout au long des quatre chapitres qui confrontent l’évolution de la fillette, devenant femme, au destin des animaux utilisés par l’homme. Le ton est détaché, scientifique, le vocabulaire précis, volontiers technique, l’ensemble se teinte d’une pointe d’humour acide. L’auteur poursuit sa recherche littéraire dans l’esprit de son précédent roman, On n’est pas là pour disparaître (NB novembre 2007). Les fragments de discours sont rythmés par des leitmotiv, identiques ou subtilement variants, introduisant une certaine poésie. L’analyse des sentiments ambivalents qu’éprouve l’enfant à l’égard de ses parents est remarquable, tandis que la juxtaposition des conditions animale et humaine crée une résonance qui suggère des réflexions troublantes et complexes. Original, intelligent et fascinant.