Le recul de l’autorité, le triomphe de la liberté individuelle, ont façonné nos démocraties devenues pluralistes dans les idées et les croyances. Les religions cessant d’être normatives dans la vie publique, c’est la loi qui définit une éthique minimum acceptable par tous. Elle se limite en général à un devoir moral dans les actions vis-à-vis des autres, en dehors de la sphère privée. Y ajouter le devoir envers soi-même et l’espèce humaine permettrait une approche différente de questions comme le clonage ou la condition féminine dans certaines cultures.
Alain Renaut, connu pour ses essais de philosophie politique (Égalité et Discrimination : un essai de philosophie politique appliquée, NB décembre 2007), s’inscrit dans la tradition du libéralisme politique et moral. Son vaste panorama historico-philosophique fait ressortir les difficultés de l’éthique publique dans une démocratie libérale où cohabitent le souci du bien commun et les droits sacrés de l’individu. Le changement de registre dans la conclusion pourra surprendre : la réévaluation du « rapport moral à soi » pour enrichir le libéralisme moral pose peut-être plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Quoique touffue et un peu ardue, l’analyse est intéressante sur un sujet très actuel.