Le temps de la montagne nâest pas le mĂȘme que le nĂŽtre. Elle a connu lâĂšre glaciaire et les mammouths, le soleil et lâhomme prĂ©historique, le feu, les premiĂšres habitations, le temps de la chasse et de lâagriculture. Plus tard, un homme construit sa cabane sur ses flancs, un chevreuil lâescalade, puis un vĂ©lo. Autour dâelle, une ville grossit, les eaux avancent. Un jour, elle ne sera plus quâun grain de sable collĂ© sous les pattes dâune mouette et sâenvolera.    La montagne, personnage central, trĂŽne au milieu de lâimage ; câest elle qui parle. Comment partager sa perception du temps ? Seuls la lune et les astres peuvent dialoguer avec elle. Mais lâenvironnement qui change peu Ă peu donne des indices Ă observer pour parcourir lâĂ©volution du temps et prendre conscience de sa relativitĂ©. Les grands paysages peints avec une impressionnante gamme de couleurs, le sens de la matiĂšre, lâintroduction discrĂšte des dĂ©tails qui renseignent font dâune rĂ©flexion philosophique un moment de poĂ©sie et de plaisir artistique. La montagne au centre de tout passe par toutes les nuances des climats, de lâobscuritĂ© et de la lumiĂšre, un exercice que Monet ne renierait pas. Et quand la montagne disparaĂźt, elle semble plus grande encore, parce que libre Ă travers les airs. (A.-M.R.)
Quelques battements d’ailes
EL FATHI Mickaël, PRATT Pierre