Barcelone avant les manifestations du 1er Mai. Au milieu de la foule d’un quartier populaire, Pelai Puig Alosa, militant syndicaliste, ressasse son rêve d’être député, sa crainte de la hiérarchie et ses préoccupations quotidiennes : femme devenue féministe, fille tétraplégique. Dans ce même quartier, un riche magnat du BTP est chargé de prolonger le métro. Ses travaux provoquent l’effondrement d’un immeuble, soulevant une indignation que la gauche tente de récupérer.
Ce dernier roman du Catalan Baltasar Porcel aujourd’hui disparu, porte, par un style musclé et imagé, la même puissance d’évocation qu’Olympia à Majorque (NB juin 2007). Après un essor économique et urbain anarchique, Barcelone, où la corruption et le catalanisme créent un climat délétère, est un monde grouillant d’où émergent deux figures saisissantes que tout oppose. L’auteur se glisse alternativement, trois jours durant, dans les pensées intimes de ses héros aux ambitions dérisoires, dévoilant ainsi les ombres de leur passé inséparable de leur caractère : l’un falot, pusillanime, l’autre cynique, manipulateur. Voici un livre subtil et drôle, mordant mais plein d’humanité, et débordant de vitalité.