Un dimanche de PĂąques Ă Lisbonne, quatre enfants sont rassemblĂ©s autour de leur mĂšre qui se meurt. Ils se souviennent en Ă©grenant des morceaux de leur passĂ© : les relations avec leurs parents, avec la servante Mercilia, entre eux, la « quinta » oĂč sont Ă©levĂ©s les taureaux. Beatriz a Ă©tĂ© abandonnĂ©e par ses maris. Francisco gĂšre les affaires familiales depuis la mort du pĂšre qui les a ruinĂ©s et dont il a falsifiĂ© le testament. JoĂŁo court les petits garçons pendant quâAna se drogue Ă la poudre blanche. Rita, la benjamine, est morte tĂŽt dâun cancer. Dans cette symphonie Ă plusieurs voix qui sâentremĂȘlent, construite comme une corrida, AntĂłnio Lobo Antunes reprend le thĂšme de la famille abordĂ© dans La nĂ©buleuse de lâinsomnie (NB juillet-aoĂ»t 2012), son dĂ©clin inĂ©luctable, ses secrets. Dans une mĂȘme phrase trĂšs longue, des ĂȘtres dĂ©truits pensent alternativement, se rĂ©pondent, dessinant un univers plein dâĂ©motions palpitantes et de sentiments violents exacerbĂ©s. Lâauteur sâintroduit dans le rĂ©cit, plonge au plus profond de lâinconscient et de lâĂąme humaine et aborde des problĂšmes fondamentaux : maladie, prostitution juvĂ©nile, toxicomanie, passion pour le jeu, solitudeâŠCette narration Ă©tonnante, difficile, Ă la langue foisonnante, incantatoire, simultanĂ©ment fluide et hachĂ©e, demande une forte concentration.
Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?
LOBO ANTUNES AntĂłnio