Querelle

Au Québec, à Roberval, les ouvriers de la scierie du lac sont en grève. Parmi eux il y a Querelle, récemment arrivé de Montréal, un Apollon homosexuel qui affole les jeunes hommes du coin, et Jézabel, jeune femme libre et volontaire. Il y a aussi un syndicaliste convaincu, une mère de famille qui n’a pas envie de se sacrifier, le vieil Abel qui aimerait pouvoir partir à la retraite… Ont-ils la moindre chance en ces temps individualistes et désenchantés, contre un patron traître et rusé?  Sous-titré fiction syndicale, ce roman social amer et tendu, au final surprenant, prévient dès le prologue, qui introduit crûment le héros éponyme du livre, que l’époque n’est pas tendre et que le sexe n’a rien de romantique. Dans tous les domaines, il y a des dominants et des dominés, et les révoltes sans issue ne trouvent leur panache que dans la mort. Le constat est sans appel, mais sa rudesse est magnifiée par une écriture magistrale, fluide et travaillée, littéraire et poétique par moments, recréant une savoureuse oralité à d’autres, brutalement réaliste dans les scènes de sexe. Un roman sombre, beau et violent, par un jeune auteur (25 ans) à suivre. (M.D. et C.B.)