Pendant toute une journée la malchance s’acharne sur un individu, l’empêchant notamment de porter secours à un homme coincé dans un ascenseur. Le mari de Kim Hu-yeon, à l’immense culture mais blasé de tout, serait-il un vampire ? Peut-on devenir transparent en tombant amoureux ? Comment vivre en ayant peur de son ombre ? Tels sont les thèmes et questionnements des quatre nouvelles réunies dans ce recueil dont l’action se déroule dans le Séoul contemporain, au sein de la classe moyenne et dont le titre de la première a servi de référence à l’ensemble.
Relations distantes, voire hostiles, entre les êtres, rencontres imparfaites, vies mornes, crainte du chômage transparaissent dans ces histoires empreintes de fantastique qui, au lieu d’enchanter le quotidien, en révèle l’insatisfaction, les peurs et les frustrations ; d’ailleurs l’absence d’effets dans l’écriture épurée et factuelle rend ce surnaturel presque banal et acceptable. L’auteur confirme son art du suspense (cf. L’empire des lumières, NB janvier 2009). La construction habile maintient la curiosité en éveil, introduisant un mystère, une interrogation ou un avertissement dès les premières pages. La chute est chaque fois énigmatique, souvent amère. Étrange et envoûtant.