Eddy s’adresse à son père, absent, et lui rappelle son histoire depuis ce Noël, quand il avait sept ans, jusqu’à l’avènement du président Macron. Les souvenirs se succèdent, souvent négatifs et cruels tel ce concert organisé par l’enfant, incompris par ses parents blessés par la tendance homosexuelle de leur fils. Il revoit le passé et tout ce qu’ils ne se sont pas dit. Un manque qui reste une blessure ouverte, difficile à guérir. Après Histoire de la violence (NB mars 2016), Édouard Louis porte dans ce monologue, parsemé d’allusions aux remarques paternelles, un regard intelligent sur son enfance sans nier les coups, les injures et les moqueries reçues. Pour rompre avec son milieu, grossier et inculte, il se réfugie dans l’écriture pour dire à son père qu’il l’aime malgré les déceptions nombreuses et les attentes d’amour toujours déçues. C’est aussi une chronique sociale où l’auteur dénonce les dirigeants politiques qui asphyxient les salariés par leurs réformes ou des lois contraires à leurs attentes. Ce qu’il résume à son père dans une formule cinglante : « l’histoire de ton corps accuse l’histoire politique ». Un récit bien maîtrisé, émouvant, servi par un style simple et clair. (A.V. et A.-M.D.)
Qui a tué mon père
LOUIS Édouard