Le projecteur que Valentine Goby braque alternativement sur les trois personnages de son nouvel opus, les montre tantôt de face, dans la réalité d’une même journée, tantôt de dos, perdus dans les labyrinthes de leur passé. Ils ne se connaissent pas ; seule la mort les unit. Henri D. va décapiter Marie G., faiseuse d’anges, qui a pratiqué un avortement sur Lucie L… Minutieusement décrits, les lieux où se meuvent les tristes héros de ce drame à trois voix plongés dans les abysses de l’introspection sont assortis à ce qu’ils endurent. Comme pour L’antilope blanche (NB août-septembre 2005, prix Culture et Bibliothèques Pour Tous 2006), mais dans un registre différent, qui se fondait sur des faits réels, l’auteure s’est référée pour ce livre à un travail sur les bourreaux. Malgré le climat totalement délétère et oppressant du récit, l’écriture précise et inspirée vibre musicalement, à la limite de l’aigu. Mais les allusions au corps, ses tribulations et revendications, ne sont-elles pas du XXIe siècle plus que des années quarante-six où se situe ce récit ?
Qui touche à mon corps je le tue
GOBY Valentine