La nuit de la Saint-Sylvestre 1966, le producteur Raoul Lévy se donne la mort dans un palace de Saint-Tropez. Au même moment à Paris, chez le jeune, riche et flamboyant Jean-Pierre Rassam, Claude Berri joue et perd au poker la statuette de l’Oscar qui l’a récompensé dans l’année. Contre toute attente, les deux hommes, aussi dissemblables que possible, deviennent vite amis, associés et beaux-frères. Au cours de deux décennies, espoirs, échecs et succès vont s’articuler avec ruptures, coke et tragédies. Orson Welles aurait prononcé la belle phrase-titre à Cannes, au moment de l’annulation du festival en 1968. Après À quoi jouent les hommes (NB septembre 2012), Christophe Donner complète sa galerie romanesque d’ambitieux entrepreneurs de la société des loisirs et des spectacles. Autour du duo Rassam-Berri gravitent Pialat et une constellation de réalisateurs/producteurs (Godard, Yanne, Forman, Lebovici, Ferreri…). Le portrait dramatique de l’homme qui voulut s’offrir la Gaumont, flambeur, joueur, jouisseur, visionnaire, arrogant, arnaqueur, idéaliste, affectif et addict, domine celui des autres protagonistes, percutants seconds couteaux bien profilés. Évocation riche et vivante de l’après-68, dialogues percutants : un roman-document épatant ! Dommage que Berri et Rassam n’aient pas pu l’adapter, le réaliser et le produire, ensemble !
Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive
DONNER Christophe