1842. Hambourg brûle. Heinrich s’enfuit, entraînant la jeune Maria. Ils s’installent finalement en Nouvelle-Calédonie où naissent les premières colonies de migrants. Sous un climat accablant, sans outils, sans semences, Heinrich, franc-maçon humaniste, rêve d’une école laïque ; Maria se dévoue, accouche les femmes kanak, adopte un nouveau-né. Le village s’enracine. Un instituteur belge arrive enfin et enseigne avec ardeur enfants de colons et d’indigènes. Malheureusement, il est piqué par un coquillage mortel que lui ramasse l’étrange Fidély. Cet adolescent, échappé de l’esclavage, issu d’une lignée dépositaire du Rêve du monde, est conduit en prison… Le récit s’organise en quintet, avec les voix successives d’Heinrich, de Maria, de l’instituteur, de Fidély et du juge. Imprégné de mythologie kanak, l’auteur – poète, dramaturge, il écrit ici son premier roman – descend de six générations de colons et accorde la même empathie à ses personnages. Leurs mentalités contrastées animent un texte à la fois poétique et narratif, malgré quelques obscurités chronologiques ou syntaxiques. L’histoire de la colonisation sous le Second Empire revit : coexistence ou affrontement avec les tribus, rivalités, avidité, esclavage clandestin… À travers Fidély se construit magnifiquement le pont étroit entre un monde rationnel et les forces obscures de la création, captées dans les réseaux du rêve.
Quintet
OHLEN Frédéric