Rachel

GUELASSIMOV Andreï

Rachel est le prénom biblique par lequel le narrateur évoque sa première femme. Il a eu deux autres épouses, difficiles à quitter, difficiles à oublier. Professeur de littérature américaine à Moscou, il se sent vieux, alors qu’il n’a que cinquante-trois ans, et surtout pleinement conscient d’être, depuis toujours, assis entre deux chaises. Tout à fait russe mais à demi-juif et trahi par son patronyme, il n’est jamais vraiment à l’aise. Cependant sa belle-fille, insouciante, kleptomane et enceinte, a besoin de lui. Sera-t-il à la hauteur ? Et quelle direction prendra sa vie ?

 

Désabusé, le narrateur a aussi beaucoup d’humour et son regard est sans complaisance. La société russe n’est pas tendre pour les faibles même si le monde évoqué ici, celui des intellectuels et des universitaires, n’a pas la violence de L’année du mensonge (NB novembre 2006). Le récit est fragmenté avec de nombreux retours en arrière, parfois déroutants quand ils ne sont pas datés, mais les pièces du puzzle trouvent petit à petit leur place. L’écriture, parfois inattendue, est toujours séduisante et l’on suit avec un intérêt grandissant les investigations intimes auxquelles se livre le narrateur dans ce roman aussi riche que complexe.