Rachel est le prĂ©nom biblique par lequel le narrateur Ă©voque sa premiĂšre femme. Il a eu deux autres Ă©pouses, difficiles Ă quitter, difficiles Ă oublier. Professeur de littĂ©rature amĂ©ricaine Ă Moscou, il se sent vieux, alors quâil nâa que cinquante-trois ans, et surtout pleinement conscient dâĂȘtre, depuis toujours, assis entre deux chaises. Tout Ă fait russe mais Ă demi-juif et trahi par son patronyme, il nâest jamais vraiment Ă lâaise. Cependant sa belle-fille, insouciante, kleptomane et enceinte, a besoin de lui. Sera-t-il Ă la hauteur ? Et quelle direction prendra sa vie ?
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DĂ©sabusĂ©, le narrateur a aussi beaucoup dâhumour et son regard est sans complaisance. La sociĂ©tĂ© russe nâest pas tendre pour les faibles mĂȘme si le monde Ă©voquĂ© ici, celui des intellectuels et des universitaires, nâa pas la violence de LâannĂ©e du mensonge (NB novembre 2006). Le rĂ©cit est fragmentĂ© avec de nombreux retours en arriĂšre, parfois dĂ©routants quand ils ne sont pas datĂ©s, mais les piĂšces du puzzle trouvent petit Ă petit leur place. LâĂ©criture, parfois inattendue, est toujours sĂ©duisante et l’on suit avec un intĂ©rĂȘt grandissant les investigations intimes auxquelles se livre le narrateur dans ce roman aussi riche que complexe.