Remercié par trois collèges de province et revenu à Tokyo, le professeur Dôya se consacre à l’écriture. En révolte contre les puissances d’argent, il vit enfermé, ombrageux et misérable. Sa philosophie prône la vertu, oppose science et capital et exhorte la jeunesse à un idéal moral, même au prix de privations. Deux jeunes gens, récemment diplômés, font leur entrée dans la société : l’un, fortuné et brillant, l’autre, souffreteux et désargenté. Mais leur amitié est si forte qu’elle supplante leurs différences sociales. Le destin réunit les trois hommes qui se confrontent à la nouvelle réalité d’un Japon en pleine mutation. Écrit en 1907, l’ouvrage est marqué par l’ère Meiji, époque où le Japon s’ouvre au capitalisme, dont Sôseki (Échos illusoires du luth, NB janvier 2009) est un écrivain emblématique. À l’image du romancier, le professeur fustige la richesse et condamne la société matérialiste. L’auteur développe une philosophie puriste, exigeante, et sa rébellion cingle comme un glacial vent d’automne. Bien que le propos politique soit daté, le parallèle s’établit aisément avec la société contemporaine. L’admirable subtilité de l’écriture magnifie chaque détail mais la beauté des descriptions n’arrive pas à faire oublier de longs discours vertueux.
Rafales d’automne
SÔSEKI Natsume