Alors qu’il tente de ressusciter son enfance – années tunisiennes marquées par une tentative de viol, l’affection envahissante d’une tante et le souvenir d’un pont suspendu dont la fragilité le hante –, le narrateur, obsédé par son amour pour Raphaël qui l’a quitté pour un autre homme, continue, sans illusion, à déjeuner avec lui une fois par semaine. Il retrouve une amie perdue de vue, dont les confidences présentent une troublante analogie avec sa propre vie. Elle aussi déjeune régulièrement avec un autre Raphaël qu’elle aime encore, mais qui vit avec un nouvel amant. René de Ceccaty n’en a pas fini avec son autobiographie et les passions amoureuses (Noir souci, NB juin 2001) qui inspirent sa création littéraire : les confessions de celle qu’il appelle l’Ombre blonde parlant de son ancien amant Raphaël ne servent-elles pas de miroir, de masque et même de caricature à son histoire avec son Raphaël à lui, revisitée par son imaginaire ? Il excelle au jeu du mentir-vrai qui fait la part belle à toute une gamme d’émotions et de sentiments nombrilistes, dont sa plume élégante et fine sait rendre, en soixante-dix brèves séquences, les nuances et le désenchantement.
Raphaël et Raphaël
CECCATTY René de