Elle nâĂ©tait pas la derniĂšre Ă poster sur Facebook des images volĂ©es agrĂ©mentĂ©es de smileys pour dĂ©nigrer les « cassos » de la classe, la cible de son clan Ă elle, celui des frimeurs gagnant Ă tous les coups sur le marchĂ© de la vie lycĂ©enne. Le passĂ© la saisit Ă la gorge le jour du rattrapage du Bac : avait-elle vraiment oubliĂ© ce cours de philo oĂč lâun dâeux sâĂ©tait ouvert les veines ?  Le monologue se prĂȘte Ă la rĂ©miniscence douloureuse de cet « incident » scolaire, trĂšs vite Ă©vacuĂ© dans un silence complice. Lâauteur dĂ©nonce le harcĂšlement potache auquel les rĂ©seaux sociaux donnent aujourdâhui un impact dramatique. Il dĂ©nonce plus encore lâincapacitĂ© des adultes Ă le gĂ©rer dans le respect des victimes et une rĂ©elle prise en charge des coupables. Le silence nâaide personne Ă se reconstruire. La fluiditĂ© du monologue donne la primautĂ© Ă la subjectivitĂ© de lâhĂ©roĂŻne quâon voit inventer, toute seule, dans un dĂ©fi dâadolescente, un moyen dâexpiation, de rĂ©demption peut-ĂȘtre. Il sâagit bien dâune tentative de « rattrapage » contre la pire supercherie : lâillusion de lâoubli. (C.B. et A.D.)
Rattrapage
MONDIOT Vincent