Elle est orpheline, sa naissance a provoqué la mort de sa mère, c’est le jumeau de celle-ci qui l’élève, dans un manoir vide et humide de cette région du Nord, désertée et à l’abandon. L’arrivée de Mathilde, future nouvelle épouse, bouleverse sa vie, et elle se retrouve reléguée en banlieue pour laisser la place. La rencontre de Roumania, sa voisine, la transforme. L’auteure (L’inconnue du désir, HdN janvier 2017) excelle à évoquer le domaine, héritage de jours meilleurs, lieu de promenades journalières avec « l’oncle-mère » qui rythment le quotidien. Leur promiscuité, leur intimité devient trouble, la jeune fille évoque des rêves inassouvis, laisse imaginer l’inceste. Le texte alterne entre passé et présent et s’allège étonnamment pour décrire le « ghetto », où, recluse, elle épie ses voisins, écrit et se réfugie dans les mots, inventés, adoptés par tous ceux qui veulent vivre malgré tout. Elle savoure les mélodies des voix d’enfant jouant dans les squares, les intonations et les acclamations des joueurs de foot… Elle retrouve le goût de vivre, avec son amie-soeur. Le récit devient moins oppressant avec l’humanité qui se dégage doucement. Un beau travail d’écriture pour lecteur aguerri. (M.-P.R. et M.Bo.)
Relégation
CHAWAF Chantal