Alain Cueff, historien de l’art, préface avec brio, pour la réunion des musées nationaux, un recueil d’écrits de sept romanciers américains rassemblés autour de Hopper, certains donnant leur traduction littéraire de son oeuvre picturale tandis que d’autres, dont Paul Auster et Norman Mailer, évoquent « une Amérique de perdants contiguë », dit Cueff, à celle du peintre. Ces textes ont l’apparence de nouvelles, forme littéraire la plus proche d’un tableau par les raccourcis qu’elle impose. Ils sont censés donner vie aux personnages et aux paysages représentés et livrer des clefs de compréhension de cette oeuvre énigmatique. Ils évoquent tous une solitude désespérée qui serait la marque de Hopper. Cette approche subtile et originale d’un peintre trop souvent caricaturé comme représentatif d’une société américaine matérialiste reste cependant un peu artificielle en raison du caractère hétéroclite des textes rassemblés. Des illustrations auraient rendu ces plongées successives beaucoup plus claires.