C’est une femme simple, une femme de ménage dans un beau quartier parisien. Elle en a assez, elle part, comme ça, comme elle est. Jubilation et fierté de planter là sa patronne, la concierge, les commerçants de sa rue qui ne comprennent pas ce qui lui prend tout à coup. Elle veut être libre, libre de choisir son prénom, son nom, de ne plus obéir à rien ni personne, jamais. Dehors, tout l’étonne ou la rend heureuse : un banc, une rose, une pomme, un moineau. Plus tard, sa rage et sa révolte éclatent, quand des personnes qu’on dit bien intentionnées tentent de mettre un terme à son envol.
Cet étonnant second roman figurait en bonne place pour un prix de la rentrée littéraire 1967 mais n’en eut aucun ; puis son auteure disparut sans laisser de traces. C’est un monologue intérieur, ininterrompu, sur environ quarante-huit heures. Catherine Guérard joue avec une ponctuation réduite au strict minimum (la virgule, des majuscules pour passer d’une idée à l’autre) pour rendre à l’écrit le flot des pensées de son héroïne. La virgule pour la respiration. On se glisse dans le phrasé inimitable de Renata, on sourit de ses formules dont la fantaisie révèle la clairvoyance, on partage ses indignations naïves et ses refus de se plier à des dictats imbéciles. Si c’est de la folie, elle est douce. À la fin, Renata, c’est nous. Une fin poétique et poignante. (T.R et F.E)