Rendez-vous à Fontbelair (Les Noces de soie ; 3)

En 1910, le sort de la soie naturelle est scellé, l’avenir est à la rayonne. Silvius Andromas l’a bien compris, lui qui, fuyant l’Ardèche hostile, s’est élevé dans le milieu lyonnais de la soie par un travail acharné et un riche mariage. Abandonné par son mentor – un soyeux parti à Madagascar réaliser un rêve fou –, trompé par son épouse et rejeté par la bourgeoisie, il se lance avec un ami dans la production de soie artificielle et s’enrichit, au contraire de ses concurrents conservateurs. À la veille de la guerre, Silvius peut-il espérer reconstruire un foyer ? Après La villa des térébinthes (NB décembre 2012), Jean-Paul Malaval consacre le troisième volet de la série aux soyeux lyonnais, un monde très fermé, tout agité de jalousies. Il insiste avec justesse sur les mutations industrielles de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, il tisse une toile de fond où apparaissent, en filigrane, les principaux événements politiques, sociaux et culturels de ce temps. Dans la galerie bien convenue des personnages, le portrait du héros apparaît plus complexe. Si ce roman de terroir souffre d’une certaine dispersion, malgré le savoir-faire indéniable de l’auteur, il se lit sans déplaisir.