Rendez-vous au paradis

DEAMBROSIS Mercedes

Dans une chambre d’hĂŽpital, une jeune femme est au chevet de sa mĂšre « dans le non-temps de l’agonie Â», un temps rythmĂ© par le passage des infirmiĂšres, un temps propice Ă  refaire le chemin qui les a conduites lĂ , mĂšre et fille, entre impatience et angoisse de la fin.

 Autobiographie ?  Entre souvenirs et introspection, Mercedes Deambrosis vide son cƓur Ă  un moment charniĂšre de sa vie et, simultanĂ©ment, Ă©crit le « roman « d’une vie, celle de sa mĂšre dans l’Espagne du XXe siĂšcle traversĂ©e par le franquisme : une biographie subjective qui explique la raideur, la duretĂ© de cette Mercedes d’hier construite par la guerre, dont les ambitions et les rĂȘves ont Ă©tĂ© contrariĂ©s sans cesse par l’Histoire. Comprendre, peut-ĂȘtre ; excuser, pardonner, non. Car le vrai sujet de ces « Confessions Â» Ă  la Rousseau est l’impossibilitĂ© d’aimer cette femme, la peur de lui ressembler, le refus de l’explication facile par la jalousie, la rancƓur, comme un rĂšglement de compte soliloquant auprĂšs d’une agonisante tyrannique. La force de ce texte, c’est le refus du mensonge, la nĂ©gation scandaleuse du postulat affectif de l’amour filial et la culpabilitĂ© qui s’en suit chez « la mauvaise fille Â». La justesse des mots rend poignante cette mise en abyme de trois gĂ©nĂ©rations de femmes empĂȘtrĂ©es dans un mĂȘme destin et dans la complexitĂ© des sentiments. (C.B et C.H)