La terrible occupation nazie, la grande famine d’Athènes. Puis la guerre civile grecque qui prolonge la guerre mondiale… Ces images derrière elle, Lisa, jeune femme écrivain, combattante communiste, arrive à Paris en mars 1947 avec deux valises. Le souvenir de ses amants, les voix des vivants et des morts emplissent son coeur inerte, sa petite chambre vide. Peu à peu, elle apprivoise l’exil, parcourt le quartier entre République et Bastille, itinéraire de sa ligne d’autobus. Les saisons passent. Elle s’aventure aux rencontres. Elle aimerait peut-être à nouveau, mais comment une vie ordinaire pourrait-elle reprendre son cours ? Melpo Axioti, auteur grecque morte en 1973, s’est enfuie à Paris dans les mêmes conditions que son héroïne à la fin des années quarante. Elle avait appris notre langue avec sa grand-mère et a écrit en français ce manuscrit récemment retrouvé – ce qui explique quelques rares impropriétés. Sa plume est, pour l’époque, d’une étonnante liberté : le langage parlé tel qu’elle l’entendait se mêle à des observations vivement cueillies, à des réflexions sur la guerre, la violence, la mort. Une blessure qu’aurait reçue l’héroïne apparaît furtivement dans le récit et renvoie à la vibration tragique qui affleure sans cesse à la surface du texte. (M.W. et M.-N.P.)
République-Bastille
AXIOTI Melpo