Alors qu’il participe à un colloque littéraire au Japon, Joseph Winkler apprend la mort de son père de quatre-vingt-dix-neuf ans, un rude paysan de Carinthie qui a maudit ce fils parce qu’il a trahi la vocation familiale en quittant la ferme. Profondément marqué dans son enfance par les rites funéraires de son village et spécialement par les enterrements de ses grands-parents, il fait revivre tous ces souvenirs macabres. Il évoque aussi ses séjours à Bénarès près des ghâts de crémation où il était venu chercher l’inspiration. Derrière ces descriptions morbides, se cache la blessure d’un enfant sensible, meurtri par certaines visions, mais aussi par le sentiment profond d’avoir été peu compris et mal aimé par un entourage familial dur et fruste. L’auteur, dans une langue riche mais lourde, ne lésine pas sur les détails. Il égratigne au passage l’austère catholicisme doloriste et punitif de sa province natale et son emprise sur le monde paysan. La « curiosité nécrophile » qu’il exprime abondamment dans ce texte dérangeant lui sert sans doute d’exutoire, mais le malaise gagne le lecteur.
Requiem pour un père : Roppongi
WINKLER Josef