Rester debout

Été 1931 : Simone Jacob, 4 ans, benjamine d’une fratrie de 4 enfants, vit heureuse à Nice au sein d’une famille bourgeoise aimante et cultivée. Très tôt, elle se révèle déterminée, lucide et d’un esprit frondeur. L’accession d’Hitler au pouvoir en 1933 bouleverse son destin. Les lois anti-juives se multiplient, les rafles aussi. Les Jacob sont arrêtés. Jean et son père seront fusillés dans un camp d’extermination en Lituanie. Simone, Milou et leur mère seront déportées. Denise, elle, choisit la clandestinité…  Dans la jeunesse de l’héroïne, les dialogues imaginés, empreints de légèreté, donnent force à l’amour absolu qui liait les membres de la famille, puis les compagnes de captivité. Dans l’enfer des camps, les phrases sont hachées, percutantes, comme les ordres « aboyés » ou les coups et brimades qui s’enchaînent au quotidien. Le contraste est saisissant, tout comme sont impressionnants la force de caractère de Simone, ses sombres prémonitions, son sens critique, qui lui ont permis de « rester debout ». Les chapitres sur Pitchipoï disent l’indicible vécu de l’adolescente, matricule 78651. Est-ce pour cela que ce récit, fiction sans en être une, captivant par son écriture efficace, laisse le sentiment d’une « mémoire usurpée », l’auteur appliquant à Simone Veil des réflexions qu’elle-même n’a pas exprimées ? (M.-C.D. et M.T.)