Veuf éploré, laissant sa fille et sa vieille mère dans un village sans avenir d’un pays de l’Est, Lev débarque à Londres après un chômage débilitant. Bel homme, travailleur, il force la chance, trouve emploi et logement, s’enthousiasme pour l’art culinaire. Malgré son anglais hésitant et sa détresse, il sympathise avec son logeur irlandais et noue une idylle. Choqué par un spectacle décadent, il perd la tête, compagne et emploi. Aiguillonné par son grand rêve de monter un restaurant, il surmonte les obstacles et n’oublie jamais ses amis lointains ni ses proches. L’auteur, lauréate du Fémina étranger 1994, se glisse admirablement dans la peau de l’immigré, compatissant à ses souffrances, évoquant les mets délicieux qu’il concocte, dénonçant une Angleterre riche, libre mais caricaturale de snobisme et de mauvais goût. La satire sociale n’épargne pas le pays natal de Lev, dévasté moralement et économiquement par les années communistes. Le héros est émouvant, les personnages finement analysés et sympathiques. Comme dans La couleur des rêves (NB juin 2004), le réel talent d’écriture rend vivante cette trajectoire alternant espoirs et déceptions. Un roman prenant.
Retour au pays
TREMAIN Rose