Retours à Trieste

En 1898, à Trieste, Gemma, très jeune et d’une éblouissante beauté, épouse Sandro Levi, amoureux fou. Le couple, qui séjourne d’abord au Caire où Sandro dirige la banque familiale, puis dans diverses villes italiennes, a rapidement deux enfants : Marcello, intelligent et perturbé, et Dolly, puis, dix ans plus tard, Titti. Guerre, chute de l’Empire austro-hongrois, montée du fascisme, début du sionisme, rattachement de Trieste à l’Italie perturbent leur existence. Mais surtout Gemma, narcissique, infantile, uniquement préoccupée de réussite mondaine, se révèle incapable d’assumer son rôle de mère, provoquant autour d’elle les drames.  Tour à tour, Dolly, Gemma, Titti donnent leur vision des intervenants. Sur fond historique, esquissé par touches brèves, avec apparition de Freud, l’auteur s’efforce de cerner l’intimité de ses personnages et, s’appuyant sur l’enchaînement des faits, cherche à établir les responsabilités de chacun. Elle y réussit en partie, bien qu’un certain flottement dans le plan conduise à des répétitions, chaque narrateur s’expliquant plusieurs fois. La démarche reste intéressante et le style, fluide, contribue à rendre agréable cette lecture.