La narratrice, Kristy, avait dix-sept ans quand elle participa à cette « colo » de pom-pom girls, majorettes américaines chargées d’animer les matches sportifs. Avec deux camarades, elle fait une escapade pour aller se baigner dans un lac mythique, à bord de sa Mustang rouge décapotable, et sourit sans malice à deux garçons qui les poursuivent dans leur vieux break. Toutes trois enlèvent le haut pour s’amuser. Les filles, qui ont rebroussé chemin, pensent avoir été suivies jusqu’au camp. Gavées d’histoires terrifiantes, elles fantasment. La réalité est plus prosaïque et cruelle.
Laura Kasischke sait restituer l’atmosphère étouffante d’un été en forêt dans une communauté de jeunes et peindre subtilement une société aisée très américaine, à travers le prisme égocentrique et trouble de l’adolescence, et avec le recul de l’âge adulte. Un roman mince mais prenant qui croque des personnages déroutants et renvoie à soi-même : rien ne se passe jamais comme prévu et chacun se ment constamment, tout en étant assez lucide pour éprouver un sentiment de culpabilité, thème récurrent de l’auteur (cf. La vie devant ses yeux, NB juillet 2002).