Reviens !

Reviens ! L’interjection ne saurait s’adresser aux statuettes, rangées sur l’étagère dans les pages de garde. L’enfant les passe en revue en allant se coucher : loup aux dents aigües, diable grimaçant, cochon rose (à contre-emploi ?), monstre aux allures amérindiennes dardant ses têtes inquiétantes, sorcière à la chevelure hérissée, ogre prêt à bondir. Toutes les peurs du gamin sont là. Ainsi que le marteau qui va les faire voler en éclats. Le texte court, sur fond noir, est explicite : sors de ma nuit, de mes rêves – casse-toi ! pense l’enfant qui passe à l’action : Bing. Chaque cauchemar, rangé sur un macramé digne d’un intérieur paisible et rassurant, est éclairé par un spot qui donne à son ombre portée sur le mur vierge un aspect encore plus effrayant. Bing : les éclats volent sur la tomette dure et froide, s’entassent. Mais voilà enfin la lampe, poterie tout en rondeurs aux couleurs jaune et bleu rassurantes. Avec elle disparaissent les ombres, et pas question qu’elle s’en aille sinon l’enfant hurlerait : Reviens !