Dans les années soixante-dix, Édith, juive d’antique lignée, s’est éprise d’un prince romain dont elle partage l’esthétisme raffiné, le goût des jardins et des symboles. Avec lui, elle a pénétré un milieu exclusif, ses codes et ses valeurs. Mais fidèle à son ascendance, à sa famille exilée d’Espagne, installée à Tanger depuis des siècles, elle hésite à épouser son amant. Soudainement, au cours de la chasse à laquelle ils participent l’un et l’autre en Andalousie, elle décide de partir seule à Tanger pour retrouver sa famille, son enfance et faire son choix. Voyage d’autant plus hasardeux qu’un séjour en Israël lui interdit l’entrée au Maroc. Une haute exigence spirituelle, morale, intellectuelle est prêtée aux deux héros, exprimée d’une plume noble qui magnifie dialogues, réflexions ou lettres échangées. Mais ailleurs, le récit relève aussi du magazine féminin. Qu’il s’agisse de s’habiller, parler, manger ou recevoir, il détaille à loisir ce qu’exige la naissance : toilettes, coiffures, bijoux, décors, menus sont passés au crible d’un auteur arbitre des élégances à peine ironique. Ou gardien désolé des antiques traditions, car avec une mélancolie colorée, Ralph Toledano, issu d’une famille juive tangéroise, célèbre ici la civilisation séfarade, presque dissoute aujourd’hui dans la modernité. (M.W. et C.R.P.)
Revoir Tanger
TOLEDANO Ralph