Le jour de la rentrĂ©e, Pierre-Anton, Ă©lĂšve de quatriĂšme, dĂ©clare que la vie nâa pas de sens, « parce que tout commence pour finir » et quitte lâĂ©cole. DĂ©stabilisĂ©e, la classe dĂ©cide de contrer le propos en Ă©rigeant « un mont de signification ». Ă chacun dâapporter ce qui a le plus de sens ; mais, trĂšs vite, les autres imposent le don le plus difficile : le tapis de priĂšre dâHussein, le cercueil du petit frĂšre dâĂlise, la virginitĂ© de SofieâŠ
 Paru au Danemark en 2006 et rĂ©Ă©ditĂ©, Rien est, comme Sa majestĂ© des mouches, une fable philosophique troublante qui fait Ă©cho Ă bien des faits divers. Jane Teller y parle des paradoxes et fragilitĂ©s de lâadolescence : indiffĂ©rence Ă toute valeur, modĂšle parental rĂ©cusĂ© ou moquĂ©, attirance pour le morbide ; et pourtant besoin fĂ©roce de sens, la question du « pourquoi vivre ? » restant cruellement en suspens. La narratrice, AgnĂšs, rĂ©citante de cette tragĂ©die antique, filtre lâĂ©motion et rend compte de la glaciale montĂ©e de lâhorreur : les consciences partagĂ©es, le poids du groupe sur lâindividu, la violence qui peut mener au pire, Ă la folie et au meurtre.