Deux enfants naissent à Paris à la même époque : un garçon, Déodat, monstrueux de laideur et d’une intelligence remarquable, et une fille, Trémière, belle comme le jour et d’une naïveté frisant la bêtise. Déodat est élevé par des parents aimants, déjà âgés ; Trémière est confiée à sa grand-mère qui vit de ses dons de voyante dans une maison délabrée de Fontainebleau. Il fait de brillantes études, devient ornithologue et multiplie les succès féminins ; elle devient l’inspiratrice d’un parfum et refuse toute aventure amoureuse jusqu’à sa rencontre avec Déodat…
À chaque rentrée, Amélie Nothomb (Le crime du comte Neville, NB novembre 2015) publie un nouveau roman. Comme Barbe bleue (NB octobre 2012), elle revisite l’esprit du conte et s’inspire du célèbre récit de Charles Perrault, mais la parenté est assez lointaine. Elle montre l’influence du physique et de l’environnement familial sur la destinée, et donne à son héros une faculté d’adaptation peu commune à toutes les circonstances fâcheuses de son existence – définition même de l’intelligence ? Dans cette fable moderne, un peu déroutante certes, elle tente une réflexion sur la beauté et la laideur extrêmes et sur le fait de ne pas « être comme les autres ». On y retrouve son humour et son style incisif. (E.L. et A.-M.D.)