Romain Gary, personnage fascinant aux multiples identités, parlait sept langues et publiait aussi bien en anglais qu’en français. Engagé dans les Forces Françaises Libres, il reste un gaulliste absolu jusqu’à sa mort. Diplomate, sa personnalité explose lorsqu’il devient Consul Général de France à Los Angeles. C’est là qu’il rencontre sa deuxième épouse, l’actrice Jean Seberg ; leur liaison dure près de vingt ans, l’un et l’autre dévorés par leurs angoisses. Écrivain talentueux, il écrit plus de trente livres, curieusement sous quatre noms différents.
Jean-Marie Catonné (Double Je, NB avril 2007) a déjà publié en 1990 une étude sur les deux personnalités de Romain Gary et d’Emile Ajar, l’une menant à l’autre, qui le fascinent. Tout du long de cette biographie, il n’a de cesse d’établir un parallèle entre l’écriture et la pensée de l’un et l’autre. Le passé mille fois réinventé de Gary conduit progressivement à la philosophie pleine de désespérance d’Ajar. Gary n’en pouvait plus du personnage qu’il était et avait fabriqué. Il a laissé par la voix d’Ajar s’exprimer l’enfant juif caché en lui, allant jusqu’à la destruction de son propre mythe. Cette nouvelle biographie écrite sous un angle plutôt analytique et psychanalytique est passionnante et de qualité.