Roman

SOROKINE Vladimir

AprĂšs trois ans passĂ©s loin des siens, Roman retrouve la maison de son enfance et la campagne alentour avec un bonheur exaltĂ©. L’expĂ©rience citadine l’a cruellement déçu. Il quitte le barreau pour se consacrer Ă  la peinture, jouir Ă  nouveau des paysages et du silence. Jusque dans la plus modeste des isbas, son retour est accueilli par des effusions de joie, sa gentillesse et sa gĂ©nĂ©rositĂ© Ă©tant connues de tous. Cependant, sans qu’il se l’avoue tout Ă  fait lui-mĂȘme, son espoir le plus vif est de revoir celle qu’il aime.

 

La Russie profonde est ici dĂ©peinte avec une puissance d’évocation et une prĂ©cision du dĂ©tail admirables. La nature est frĂ©missante, les personnages s’illustrent par des caractĂšres remarquablement trempĂ©s. L’ñme « russe » de Roman, entiĂšre et flamboyante, reçoit les souffrances de plein fouet et des changements intĂ©rieurs s’opĂšrent par touches insensibles. Rien, pourtant, ne laisse prĂ©voir la fin abominable que traduit l’écriture tout en brisures des derniĂšres pages. Coutumier de la provocation (cf. JournĂ©e d’un opritchnik, NB mai 2008), Vladimir Sorokine n’oppose aucun frein Ă  l’horreur, et l’on Ă©merge Ă  grand-peine de l’hĂ©bĂ©tude dans laquelle il nous a plongĂ©s.