Depuis la 4e, Saskia Teignet est grosse. Elle dévore chips et gâteaux en même temps que films et séries. Depuis, elle est aussi amie intime avec Claire, blonde et mince, craint Kevin le moqueur qui l’avait surnommée Saskia Beignet, et lorgne sur le charmant Erik. Mais surtout, elle souffre, honteuse de son corps et incapable de s’arrêter de manger. Cette année de 1ère, Claire, amoureuse, la délaisse un peu, Kevin reprend, anonymement, ses moqueries et Erik semble décidé à s’intéresser à elle, malgré ses rebuffades. Plongée dans les écrivains et la musique, elle essaie de maintenir le statu quo, jusqu’à l’humiliation de trop.
On ressent bien la honte et le mépris de soi qui habitent l’héroïne narratrice, qui biaisent son rapport aux autres et à elle-même, et qui la font repousser le gentil Erik : impossible de se laisser aimer quand on se déteste autant. Son isolement mental, sa détresse face au harcèlement sont bien évoqués – peut-être longuement ou répétitivement. En revanche, les dialogues sont un peu trop écrits pour sonner juste. On craint un instant que le livre adopte une vision du surpoids comme étant une faiblesse coupable et condamnable, mais la romancière choisit une voie intermédiaire qui dédouane l’adolescente, de façon ambigüe, en introduisant un aspect médical.(M.D. et C.B.)