Sambo, jeune Africain, quitte Lomé, emportant les restes de sa tante Rose (ongles et cheveux) pour les enterrer à La Nouvelle-Orléans, selon la promesse qu’il lui a faite. De son côté, Louise, acadienne, part pour New York dans l’idée de devenir danseuse. Ils se rencontrent à un arrêt d’autobus dans une banlieue d’Ottawa. Pendant la longue attente de leur car, ils se trouvent des désirs communs et, se découvrant complémentaires, partent finalement ensemble pour la Louisiane. Edem Awumey, togolais vivant actuellement au Québec, avait, dans Les pieds sales (NB septembre 2009), analysé le problème de l’émigration et de l’absence. Dans ce récit à deux voix, écrit dans un style imagé, coloré et souvent poétique, il nous entraîne entre passé et présent, traitant des liens familiaux et du devoir de mémoire. Les fantômes qui hantent les héros, leurs démons intérieurs, sont bien évoqués, Awumey parvenant à introduire dans la chronique des souvenirs la traite des jeunes filles, le viol, la violence des hommes et celle des éléments. Très attachants, les deux personnages semblent prêts à payer le prix pour mériter leur nouvelle vie. Un très beau livre, intense et grave.
Rose déluge
AWUMEY Edem