Sur les hauts de Beyrouth, la demeure des Al-Baz, dont une mainmorte empêche la vente, est à l’abandon. La vestale du foyer, célibataire, est en maison de retraite. La veuve de son frère, l’aîné de leurs enfants et sa femme autrichienne s’installent en ville. La fille suit son mari musulman. Reste le cadet, joueur d’échec un peu timbré qui se retranche progressivement dans la chambre du coin à l’étage. Et à la cave, les domestiques arabes recueillent une belle parente intrigante qui précipite le destin.
Ce roman, traduit de l’arabe, est déconcertant mais prenant. Chaque chapitre, ignorant la chronologie, relate une tranche de vie familiale, laisse le lecteur sur sa faim, et ne lui dévoile une vue d’ensemble qu’in fine. Les affrontements multiples entre chrétiens et musulmans restent flous, ne sont que la toile de fond du quotidien conflictuel de la maison, décrite, elle, minutieusement. L’auteur a un talent certain de conteur, fait d’un indiscutable sens de l’atmosphère et du suspense, teinté d’un humour discret.
L.G. et C. R.D.P.