Depuis le divorce de ses parents, Cerise habite tour à tour à Paris et à Montreuil. Les semaines où elle emprunte le métro, de la place de la République à son collège de banlieue, elle a tout loisir d’observer les voyageurs. C’est ainsi que, plus jeune, elle calmait son angoisse au long d’un trajet en compagnie d’inconnus. Que s’est-il passé le soir où, vêtue de sa robe rouge toute neuve, elle rentrait chez son père après le dîner ? Dans la rame, elle a reconnu un SDF croisé le matin, Zyeux Verts au regard fou. Depuis, plus un mot ; il faut qu’elle se souvienne…
Court roman introspectif où Cerise se parle plus qu’elle ne parle au lecteur, pour exorciser l’horreur du drame auquel elle a assisté. L’adolescente hypersensible s’imprègne des émotions de ceux qu’elle observe : femme en larmes qui se tait pour préserver son intégrité, SDF hargneux que la chaleur irrite, et cette autre qui fait la manche pour nourrir sa jeune soeur. Compassion, empathie, elle ouvre son coeur et son imagination au point de deviner à quoi le désespoir peut mener, sans qu’elle sache trouver le geste ou la parole qui apaiserait. C’est cette culpabilité-là qui l’a murée dans le silence. Les phrases courtes et les redites volontaires scandent ce douloureux monologue intérieur.